dimanche 22 novembre 2015

Tokyo Ghoul

Mea culpa et « spoiler-alert » : Pour ceux et celles qui pensent regarder ou lire Tokyo Ghoul, mais n’en ont pas encore eu le temps dans la dernière année, je vous prierais de ne pas lire le reste de l’entrée de blog. J’aborderai des sujets des deux saisons qui pourraient vous gâcher une partie du plaisir. J’aimerais aussi m’excuser auprès de ceux et celles qui ont aimé la version animé et qui sont tombés sur des revues de blogueurs se basant uniquement sur la série animée pour en déterminée la qualité. Il ne m’a pas fallu lire énormément de critiques pour comprendre que la série avait été lapidée par la critique – même la critique d’AnimeList censée passer en revue les animes de façon objective a été extrêmement condescendante. La majorité des reproches faites à l’anime viennent du fait que celui-ci, plutôt que d’être une œuvre complète en soit, ne parvient qu’à animer les « meilleurs moments » du manga étant donné le peu de temps de développement lui étant accordée – un maigre 12 épisodes pour chaque saison. De mon point de vue, il vaudrait plutôt la peine de regarder le manga avant de « déguster » la version animée, qui n’en paraîtra que meilleure.

Tokyo Ghoul est un manga de Sui Ishida, prépublié dans le magazine seinen Weekly Young Jump depuis 2011 et qui mélange action, drame, psychologie, horreur et fantastique. La version animée est réalisé par le Studio Pierrot. Les deux premières saisons de 12 épisodes s’étalent du 4 juillet au 19 septembre 2014 et du 9 janvier au 27 mars 2015, pour un total de 24 épisodes. Un spin-off de la série, Tokyo Ghoul: Jack, était prévu pour cet automne mais je n’ai pas encore eu le temps de le regarder. À la demande d’une internaute, je voulais vous présenter la série afin que vous puissiez la terminer à temps pour regarder la prochaine production.

L’histoire se déroule à Tokyo dans un monde fantastique où des humains et des goules « cohabitent ». Kaneki Ken se trouve à son café préféré avec son meilleur ami lorsqu’il rencontre une attirante jeune femme. Ils se rencontrent un peu plus tard pour une sortie et Kaneki la raccompagne chez elle. Il ne se rend compte que celle-ci est une goule à l’affut de chair fraîche que lorsque celle-ci lui saute dessus pour le dévorer vivant. Il est heureusement sauvé par des débris tombant du toit de l’immeuble où ils se trouvaient. En recouvrant conscience dans une clinique, Kaneki doit faire face à une nouvelle réalité : on a transplanté en lui les organes de son ex-nouvelle flamme afin de le sauver et, maintenant à moitié humain et à moitié goule, il doit manger de la chair humaine pour survivre. Suite à cette tragédie, Kaneki trouve de nouveaux amis parmi les goules et de nouveaux ennemis parmi les humains qui traquent les goules sans relâche.

Des bons et des mauvais coups
Plusieurs critiques, surtout de celles qui ont lu le manga, se plaignent des derniers épisodes de chaque saison en signifiant qu’ils sont paquetés avec trop d’information, ce qui est complètement vrai mais pas seulement pour l’anime. Lors de l’affrontement entre goules et humains à Anteiku (fin saison), durant quelques épisodes – et quelques chapitres dans le manga – le spectateur|lecteur se retrouve submergé d’informations importantes omises jusqu’à ce moment de l’histoire, d’entrée en jeu de nouveaux personnages, et les scènes de combat s’entremêlent de façon plus ou moins réussie. En ce qui a trait à la première saison, celle-ci se conclue en plein milieu de l’arc du livre, au beau milieu de l’action. Je pense personnellement qu’il s’agit d’un excellent buzz pour annoncer de début de la prochaine saison, de plus que la personnalité du personnage principal subit un changement à cet instant. Vous remarquerez à quel point la musique et le visuel choisis pour l’ouverture de la deuxième saison reflètent bien l’état mental du héros.

La fin de la première saison n’est donc pas une fin, mais n’est pas non plus une sorte de néant où tout est possible. On sait qu’il y aura un second anime. La fin de la 2e saison laisse, quant à elle, une forte impression étant donné son ouverture vers l’univers des possibles. Elle est très belle de façon idéologique et artistique. Bien que plusieurs pensent que la fin de la 2e saison ne cadre pas avec le reste des épisodes, je pense que c’est plutôt une continuité. L’ouverture et la fin de chaque épisodes de la deuxième saison sont très artistiques et studio Pierrot se donne comme mandat de rendre personnelle à chaque épisode les crédits de fin, tandis que l’industrie de l’animation a tendance à rendre uniforme les crédits. La 2e saison dans son entièreté est traitée de façon plus émotive que la 1ère saison et la finale n’en est que l’apogée. La neige qui recouvre les morts, le héros qui porte son meilleur ami vers les siens même s’ils sont ses ennemis, une vue sur le désastre causé par un affrontement qui ne devrait pas avoir eu lieu, suivi d’un fondu vers la lumière d’un hélicoptère. Y a-t-il encore raison de se battre ? Plusieurs lecteurs se sont plaints de ne pas avoir de scène finale de combat, mais ont-ils vraiment à se plaindre lorsque dans le manga, au même moment, Kaneki est laissé pour mort dans les égouts?

petite déception : le drap revient en place alors qu’il vient de s’envoler…

Violence et censure
Contrairement à Hellsing et d’autres anime bien gores, Tokyo Ghoul a été placé à des heures d’écoutes télévisuelles qui ont forcé le studio à censurer une bonne partie de l’action et même à inverser les couleurs sans trop de transition, ce qui amène le téléspectateur à ne saisir qu’une petite partie de l’action. Je peux comprendre la frustration de ne voir les scènes qu’à moitié et j’ai aussi personnellement pensé que la manière de censurer laissait à désirer, mais que faire lorsque les poupons se trouvent encore devant la télévision et que la scène est d’un excès gore graphique ? Heureusement, il semble que la version DVD ne soit pas censurée, bien que je suis d’avis que de voir ou non du sang gicler partout ne change rien à l’anime – même le manga est très censuré, donc ce n’est pas la « faute » du studio, mais plutôt probablement un choix de l’auteur au départ. Le gore n’est pas le point, mais fait partie intégrale du récit. À quoi bon le montrer ?

Je ne nierai pas que les personnages sont moins bien approfondis que ce à quoi on devrait s’attendre d’un anime à caractère psychologique. Même Kaneki est plutôt désappointant, autant dans le manga que dans l’anime. Cependant, les autres personnages sont plus faibles dans l’anime parce qu’ils ne sont pas assez développés, comparativement au manga dans lequel chaque personnage a droit à son moment de gloire afin que le public s’y attache. La force armée humaine, entre autres, est visitée plus souvent dans le manga, ce qui permet de rencontrer plusieurs personnages avant leur apparition au début de la 2e saison animée.

Un des thèmes centraux de Tokyo Ghoul est la relation tragique entre les humains et les goules. Du point de vue des humains, les goules sont des monstres sans cœur leur arrachant des êtres chers. Du point de vue des goules, toutes ne sont pas sans cœur et une bonne partie d’entre elles ne souhaitent que cohabiter avec les humains du mieux qu’elles peuvent. Le manga met l’emphase sur le côté « humain » des goules et sur le fait que, mis à part leur alimentation, elles restent très semblables aux humains et peuvent elles aussi avoir des sentiments et se lier d’affection avec des êtres chers – qui seront souvent tués par les humains pour le crime d’être goule.

Tokyo Ghoul aborde le thème de la perte d’humanité, mais contrairement aux autres productions qui jouent sur le même thème comme Hellsing et Shiki, je pense que Tokyo Ghoul se rend plus loin. Dans Hellsing, par exemple, le peu de temps accordé au personnage de Seras Victoria –une policière transformée en vampire- se perd dans une mer de sang et de balles et très peu de temps est accordé à son cheminement entre les deux états. Dans le cas de Kaneki, il est possible de le voir passer au travers d’une suite de stades jusqu’à une éventuelle acceptation de son état. Cette acceptation ne sera en fait pas acceptée jusque plus loin dans le manga. Dans la version animée, l’état de Kaneki le mène à de plus profonds troubles psychologiques. De plus, Tokyo Ghoul se questionne sur plusieurs facettes du problème : À quel moment un individu passe d’humain à non-humain? Quelles sont les fondements de l’humanité chez un individu et comment une société peut-elle se définir en rapport à son humanité et par rapport à une autre société. On se questionne aussi sur les problèmes de racisme, d’ostracisassions et de ghettoïsation dans les sociétés développées.

Quelques points forts qui font que Tokyo Ghoul en version animée est excellent

Mis à part ses thèmes centraux, je suis d’avis que l’anime présente un très beau fini visuel et les animations sont peaufinées. Les combats en version animée sont saisissants pour le peu qu’on en voit. Le visuel est magnifique, surtout les armes (appelées Kagune) avec lesquelles les goules se battent. Au niveau de la trame musicale, là aussi l’anime se démarque avec une trame semblable à celle d’un film, mélangeant habillement des «beat» contemporains comme du liquid bass&drum à de la musique épique et des chansons plus captivantes. De plus, les acteurs japonais rendent les émotions des personnages de façon exceptionnelle. Mamoru Miyano, entre autres, joue avec brio un épicurien déjanté qui n’a qu’une envie ; manger Kaneki. J’accorde à la série une note de 7/10 parce que je crois que malgré toutes ses lacunes, l’œuvre de laquelle elle a été adaptée est excellente et l’animation est un très beau complément au manga. Je vous propose donc de lire avant de voir la version animée.

1 commentaire:

  1. J'ai vraiment beaucoup aimé le concept de l'anime, mais comme tu dis, les choses sont faites à moitié et les informations intéressantes et importantes sont condensées en quelques épisodes. Je trouve cela dommage qu'ils aient traité l'information de cette manière ! J'aime beaucoup les seinen et je pense que Tokyo Ghoul se trouve un peu entre le shonen et le seinen, gore mais pas assez. Dommage mais intéressant tout de même !

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