jeudi 19 novembre 2015

Kuroshitsuji – Black Butler

En fouillant à travers internet pour trouver des extraits de Kamigami no Asobi à vous montrer, je suis tombée sur cette chose appelée «ma playlist» que Youtube met à jour pour vous en gardant en mémoire les vidéos que vous avez écouté dans le passé (même si cela date de très longtemps). J’ai donc ré-écouté en boucle la trame musical de Kuroshitsuji – book of circus et je me suis dit que je devais vous en parler. Je continue donc dans la lancée des animes pour filles (même si techniquement Black Butler peut aussi plaire aux garçons) en vous présentant aujourd’hui de loin l’un de mes plus grands dada. Je ne noterai pas l’anime puisque mon opinion est grandement biasée. Je me contenterai de vous donner quelques raisons qui font que vous devriez regarder Kuroshitsuji si ce n’est pas encore fait.

L’histoire se déroule à Londres au 19e siècle en pleine révolution industrielle. Nous suivons le jeune compte Ciel Phantomhive, un aristocrate anglais qui, âgé seulement de 12 ans, se voit devenir l’héritier de l’entreprise de jouets et de friandises Phantom suite à un mystérieux incendie qui aura emporté ses parents. Celui-ci habite un manoir en bordure de Londres en compagnie de ses domestiques. Ceci dit, l’un des domestiques de Ciel est en fait un démon avec qui il a fait un pact alors qu’il allait succomber à un sort encore plus grave que l’incendie. Le contrat stipule que le démon doit protéger Ciel jusqu’à ce que celui-ci venge la mort de ses parents, ce après quoi le démon pourra dévorer l’âme de Ciel. Une petite note au contrat jouant sur les mots veut aussi que si jamais Ciel perdait de vue son vœu de vengance, cela serait vu comme un bris de contrat et le démon aurait son âme. C’est ainsi que Ciel et le démon déguisé en marjordome mênent une série d’enquêtes surnaturelles, la plupart leur étant donné par la reine qui se sert de Ciel pour faire ses basses besognes.

Ce que c’est :
Black Butler est un shônen (notez bien shônen) manga de Yana Toboso. Il est prépublié depuis septembre 2006 dans le magazine Monthly GFantasy appartenant à l'éditeur japonais Square Enix, et a été compilé en vingt-et-un tomes au 27 mai 2015. La version française est éditée par Kana, et le manga est encore en cours de parution. Suite au succès du manga, une adaptation en série télévisée d'animation produite par le studio A-1 Pictures a été diffusée entre octobre 2008 et mars 2009 sur la chaîne TBS au Japon, soit à peu près 2 ans après le début de parution du manga. Une deuxième saison a été diffusée entre juillet et septembre 2010. Une troisième saison adaptant l'arc du Cirque Noah a été diffusée entre juillet et septembre 2014, et deux OAV adaptant l'arc du meurtre au manoir sont sortis en octobre et novembre 2014.

Le genre
Les animes et les mangas sont habituellement étiquetés par genres. Plus une œuvre est étiquetée de plusieurs genre, plus elle devient complexe. Parfois ça donne de la bouillie parce que l’auteur aura essayé de mélanger trop de genres qui n’allaient pas ensembles, mais ici chaque genre avec leurs propres codes se complètent et on ne sent jamais de cassure entre les scènes d’action, le mystère et l’humour. Pour vous donner une idée de ce à quoi vous attendre avant de commencer la série, voici la liste des genres qui la composent : comédie noire, fantastique, surnaturel, drame, action, policier, fantasy (avec plusieurs sous-genres comme historique, dark et gaslamp). J’ai mentionné qu’il s’agissait d’un shônen plus tôt. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un manga pour une audience masculine et jeune. J’aimerais que vous gardiez cela en tête en l’écoutant puisque dépendant la langue dans laquelle vous écoutez l’anime, il se trouve dans les textes énormément de tournures de phrases pouvant être interprétées de façon sexuelle entre Ciel (visiblement mineur) et son majordome (visiblement adulte). Cet aspect borderline pédophile est surtout présent dans la version japonaise, mais toujours de façon très subtile. Une personne n’ayant pas l’esprit tordu devrait pouvoir écouter Black Butler sans même s’en apercevoir (sauf peut-être pour une scène de la première saison… et tout au long de la 2e saison). Beaucoup de fans de la série, d’ailleurs, refusent catégoriquement ce que je viens de vous dire. À vous de juger. Je pense personnellement que c’est cet aspect de sous-entendu et de tension sexuelle qui fait que la série est si populaire. Nous y reviendrons.

Du suspens au compte-goutte et la différence entre le manga et l’anime
La force de Kuroshitsuji est que l’histoire commence simple et incorpore de nouveaux éléments surnaturels lorsque l’auteur juge que le lecteur a assimilé les éléments précédents. Plusieurs personnes comparent Pandora Heart à Kuroshitsuji parce que l’histoire et la relation entre les personnages est similaire, mais le majeur défaut de l’anime Pandora Heart est que plusieurs surprises arrivent une après l’autre sans que le spectateur ait pu en assimiler une seule. Kuroshitsuji a beau avoir un rythme plus lent, en prenant quelques épisodes pour entrer dans la chaire de l’intrigue, mais au moins l’intrigue n’est pas forcée. Chaque mystère, chaque suspens arrivent au compte-goutte, ce qui fait qu’après les 5 premiers épisodes, beaucoup de questions restent sans réponses et le spectateur s’accroche au bord de sa chaise en attendant la suite. Je trouve aussi l’histoire merveilleusement bien ficelée (surtout celle du manga) puisque l’auteur n’aura pas peur de faire apparaître un personnage, le faire oublier par les spectateurs, puis le faire revenir à la charge pour une autre histoire, ou encore de prendre un personnage identifié par le public comme étant humoristique pour en faire un personnage profond et dangereux (et je ne parle pas de Grell pour ceux ayant vu Black Butler. Grell reste drôle). Un autre atout de l’histoire bien ficelée est la façon dont l’auteur la rattache à des événements qui ont vraiment eu lieu et à des mythes populaires, ce qui ajoute une dimension culturelle et historique à la série. Chaque élément a lieu d’être malgré le caractère fantastique de la série et cela fait du bien. J’avouerai cependant que la fin de la première saison a été plutôt poussée. Ils ont tenté d’apporter un dénouement à l’histoire alors que celle du manga continue. Dans la première saison, Ciel résoue d’une façon plutôt moche le mystère de la mort de ses parents (de mon point de vue du moins. Je m’attendais à mieux). Dans la deuxième saison, on fait la rencontre de personnages ne figurant pas dans le manga, on voit un suspens inédit quoique tiré par les cheveux et l’histoire arrive à un véritable dénouement (un des plus émouvants que j’aie vue, j’aurais aimé avoir ce dénouement à la première saison).

Les personnages
Bien que Kuroshitsuji repose principalement sur la relation entre Ciel et son majordome Sébastian, tous les personnages (même dans l’anime) ont droit à leur moment de gloire afin que le public puisse s’y attacher. Malheureusement, il y a trop à dire sur les protagonistes donc hop! Les personnages secondaires à la poubelle (désolée m.Tanaka).

Sébastian Michaelis représente le corps de la série (et c’est peu dire). Il est le parfait majordome anglais. Excellent cuisinier, cultivé et très habile, intelligent, créatif et posé, il allie avec brio élégance et talent. Il aidera Ciel à résoudre les mystères tout en s’occupant de toutes les tâches reliées au manoir et, étant donné que Ciel est encore un enfant et par-dessus cela un noble, Sébastian s’occupera également d’éduquer, chaperonner et entretenir Ciel (en lui donnant son bain et en l’habillant, par exemple). Il dit souvent que, étant le majordome de la famille Phantomhive, il se doit de pouvoir tout faire. Il peut en effet réaliser toutes les tâches données par Ciel et ce, sans utiliser ses pouvoirs de démon. Il n’utilisera d’ailleurs ceux-ci que lorsqu’ordonné par Ciel, sauf dans de rares occasions où il se doit absolument de protéger son maître. Il parle avec tact et sarcasme, sait se moquer de son maître avec grâce et a une sorte d’humour noir bien aimé par les Anglais, ce qui fait changement du type d’humour généralement vu dans les shônen. Ses phrases les plus connues (et les plus attendues par ses fans) sont «I simply am one HELL of a butler» et «Yes, my lord». D’un point de vue féminin, Sébastian représente une sorte d’homme idéal pouvant remplir les rôles du parfait complice et du protecteur, tout en étant dangereux et innaccessible. La seule chose qui retient Sébastian de dévorer Ciel ou tout autre humain est son sens aïgu de l’étique.

Ciel Phantomhive est probablement un des personnages principaux les plus attachants et les mieux balancés que je connaisse. Cette balance repose sur plusieurs couches de sensibilité. Malgré son âge, Ciel a su se construire rapidement une façade pour entrer dans la cour des grands et mener à bien les basses besognes de la reine tout comme le faisait son père avant sa mort. Il est mature et capable de tenir tête à n’importe qui. Il est bien éduqué, il a du tact, et se montre exécrable envers son majordome. Il sait mener plusieurs projets de front, en s’occupant de son entreprise, des affaires d’état et de ses propres enquêtes. Cependant, l’auteur nous rappelle de temps en temps que Ciel n’est encore qu’un enfant. Il aime jouer, a des sautes d’humeur, aime les sucreries et sa taille frêle et son manque d’expérience lui attirent beaucoup d’ennuis. Cet aspect de Ciel est lui-même teinté par son lourd passé. Par exemple, il préfère les jeux lugubres et arrive mal à comprendre le comportement des enfants normaux et les émotions des personnes de son entourage.

En plus de ces multiples facettes de la personnalité de Ciel, l’histoire fait découvrir au lecteur une dynamique bien spéciale entre lui et son majordome. Bien que Ciel se trouve dans une situation de pouvoir, Sébastian lui rappelle sans cesse, par ses actions et ses moqueries, qu’il pourrait bien faire à sa tête et que Ciel n’est que son prochain repas. Le contrat entre eux stipule pourtant que le démon doit le protéger et ne jamais le trahir, obéir à tous ses ordres sans discuter et ne jamais lui mentir. Ceci met le démon dans une situation où il doit sans cesse venir au secours de Ciel et doit remplir le rôle de «gardien» en plus de majordome, d’où la naissance d’une sorte de proximité ambigüe entre les deux personnages. En effet, Sébastian représente le meilleur atout de Ciel, mais c’est aussi son pire ennemi qui le mènera éventuellement à sa mort. Sébastian « désire le manger » mais se retient, un peu comme un grand méchant loup qui veillerait sur une brebis. Il est donc impossible pour le garçon de se reposer sur le démon car, en cas de faiblesse ou en cas où il perdrait de vue son désir vengeur, il mourrait. Ciel évolue en ne se reposant sur personne et utilise Sébastian comme un pion sur un échiquier, tandis que Sébastian se demande quel genre d’expérience rendrait encore meilleure son repas. Il est d’ailleurs peu rassurant de voir le démon sourire lorsque Ciel agit de façon ignoble ou afficher une moue dégoutée lorsque le garçon affiche des réactions humaines (par exemple lui ordonner de sauver une personne alors que sa propre vie est en danger). Il y a tout de même une sorte de complicité et une confiance entre les protagonistes qui est belle à voir.

La musique, le visuel et les voixExcellente trame musicale, pour commencer. Plusieurs musiques sortent du lot, les musiques d’ouverture et de fermeture sont interprétées par mes groupes de musique préférés, et il s’agit d’un des rares animes dont je sois capable d’écouter la musique seule. Le visuel est aussi très appelant. Les dessins et les animations sont soignés davantage que bien des animes des récentes saisons et le style visuel respecte le manga. Les voix aussi sont excellentes et, pour une fois, même la version anglaise ET la version française ont été adaptées avec des voix allant aux personnages.

En conclusion
Vous ne pouvez pas passer à côté de Black Butler si vous cherchez un bon anime ou un bon manga (surtout un bon manga). Peu d’animes d’une vingtaine d’épisodes vont autant dans le détail dans une relation humaine non romantique et si la psychologie n’est pas votre tasse de thé, l’action et l’intrigue en valent quand même la peine.

Petit extra
Dans la version japonaise et anglaise, Sébastian a une voix sensuelle (selon les standards de chaque pays) et la version anglaise le fait davantage ressembler à un majordome authentique. Les voix anglaises des personnes du manoir leur vont aussi très bien malgré l’accent très fort. En ce qui concerne la version française, j’aime toutes les voix sauf celle de Sébastian, bien que je soupçone un choix éditorial dans le choix de l’acteur (ce que je respecte). En comparaison aux autres adaptations, la voix française du démon est plus jeune et aigüe et lui donne un air de jeune maître d’école ou de gentil personnage dans une bande dessinée pour enfant. De plus, les mots utilisés en français changent un peu le sens des phrases, leur enlevant parfois leur double sens. Je pense que le fait de rendre Sébastian moins «viril» a pour but d’effacer toute ambiguïté entre les personnages principaux. Il faut mentionner que la France est beaucoup plus stricte que le Japon en matière de contenu sexuel dans les œuvres culturelles, surtout en matière de pédophilie.

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